Salam alaykom wa rahmato Allahi wa barakatoho
Le Prophète (paix et salut sur lui) avait enseigné à Mu'âdh ibn Jabal avant de l’envoyer au Yémen comme messager des bonnes valeurs de l’Islam:
"Selon quoi jugeras-tu lorsque le besoin s'en présentera ?
– Selon le Livre de Dieu, avait répondu Mu'âdh.
– Et si tu ne trouves pas (de solution explicite) dans le Livre de Dieu ?
– Je jugerai alors selon les Hadîths du Messager de Dieu, avait répondu Mu'âdh.
– Et si tu ne trouves pas (de solution explicite) dans les Hadîths du Messager de Dieu ?
– Je ne manquerai alors pas de faire un effort de réflexion (ijtihâd) pour formuler mon opinion, avait répondu Mu'âdh."
Sur quoi le Prophète avait manifesté son approbation en ces termes : "Louange à Dieu qui a guidé le messager du Messager de Dieu vers ce qu'agrée le Messager de Dieu" rapporté par at-Tirmidhî et Abû Dâoûd.
« lorsque le juge a fait un effort (juridique) (ijtahada) puis a atteint la vérité, il a deux récompenses, et s’il a fait un effort (juridique) et s’est trompé, il a une seule récompense ». Rapporté par Al-Bukhârî .
Définition d'un madhhab:
Le terme « madhhab » qu’on traduit en général par école ou doctrine, désigne couramment les écoles de pensée juridique en Islam, et signifie littéralement « aller vers » ou « prendre la voie de ».
*l'analogie (ou le rapprochement par rapport au texte traditionnel) "al-qiyâs",
*le consensus "al-ijmâ' " (basé sur la célèbre parole du Prophète (paix et salut sur lui): "Ma communauté ne peut pas avoir un consensus faux (égaré)[2]»,
*l'intérêt de la communauté "Al-masâlih al-mursala",
*la préférence personnelle en vue du bien (istihsân)
*l'opinion personnel "Ar-ra’y" (spécialité de l'école hanafite) basé sur l'interprétation (ta’wîl).
Voila Les quatre doctrines dans l’ordre chronologique d’apparition:
L’école Hanafite : est chronologiquement la première des quatreécoles juridiques de l’islam. fondée par Abû Hanîfa Annu‘mân (80,150 A.H), apparue en Irak, à Kufa et s’est répandue à Bagdad. Elle a adopté les méthodes de son fondateur et celles des maîtres de cette école après lui comme Abû Yûsuf et Abû El Hassan.
Ses fondements comprennent-en plus du Coran et de la Sunna- l’istihsân, al ‘urf (la coutume) et qawl as-sahâbî (les paroles des compagnons du Prophète).
Cette école est caractérisée surtout par l’utilisation de la raison et de l’opinion : Ar-ra’y. Elle est considérée comme l’école la plus libérale car le contexte de son apparition est lié à une société très complexe avec beaucoup de nouveaux besoins. Elle est répandue de nos jours en Afghanistan, en Inde, en Turquie, en Iran, en Syrie, en Russie et en Chine.
L’école Malékite :lle a été fondée par Mâlik Ibn Anas (93-179 A.H) . Apparue à Médine, cette école met l’accent sur l’avis des compagnons du prophète et sur la pratique des médinois (‘amal ahl al madîna), ces derniers étant les descendants des compagnons du prophète. Elle donne aussi une place importante aux coutumes de la société s’ils ne contredisent pas la loi divine ainsi qu’à l’établissement des normes juridiques à partir de l'intérêt général de la société, appelé al masâlih al mursala. On reviendra plus loin en détail sur cette école.
L’imam Mâlik était réputé pour sa narration du Hadîth, il est considéré comme l’un des meilleurs en la matière.
Les ouvrages de référence de cette école sont, entre autres, le Muwatta’ (la voie rendue aisée) (premier recueil de Hadîth et de Fiqh en Islam) de l’Imâm Mâlik et la Mudawanna, un recueil des avis juridiques de Mâlik qu’a compilé son élève Sahnûn Ibn Saïd At-tanûkhî. La plupart des disciples de l’Imâm Mâlik sont partis en Afrique du nord et en Espagne. Cette école s’est répandue en Andalousie, au Maghreb, en Afrique subsaharienne, aux Emirats,au Koweït, à Bahreïn, au Soudan, et au Khurâsân.
L’école Shafi'it : elle a été fondée par Muhammad Ibn Idriss Ash-shâfi‘î (150-204 A.H) qui a vécu à la Mecque, puis en Iraq avant de s’installer en Egypte. Il a apprit le fiqh selon l’école malékite puis plus tard selon l’école Hanafite. Son école s’est positionnée entre l’école hanafite qui prime l’opinion personnelle (ar-ra’y), et l’école malékite qui se base essentiellement sur la sunna. Pour les Shâfi‘ite, la sunna est valorisée comme source de droit et une grande importance est donnée au consensus de toute la communauté (Ijmâ‘). Cette école s’est répandue en Egypte, au Yémen, et dans certains pays de l’Asie comme l’Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande.
L'école Hanbalite : elle a été fondée par Ahmad Ibn Hanbal (164-241 A.H). Elle est pratiquement née du conflit qui a opposé Ibn Hanbal aux Mu'tazilites (rationalistes hellénisants passablement intolérants) et aux autorités politiques qui soutenaient alors les Mu'tazilites. La réputation d'Ibn Hanbal s'est forgée durant ces événements au cours desquels il fut persécuté et emprisonné sans jamais se renier. L'Imâm Ibn Hanbal est considéré par un grand nombre d’ouléma (savants de la loi) comme un traditionaliste (homme de hadîth) plutôt qu’un juriste. Ibn Hanbal n'était pas d'accord avec son maître Ash-shâfi‘î pour ce qui est de l'utilisation de l’opinion personnelle. Il a primé le hadîth du prophète auquel il a dévoué un recueil appelé « al musnad » et qui comprend environ 40.000 hadîths. Cette école adopte l’interprétation apparente (Zâhir) du Coran et de la sunna et rejette le raisonnement par analogie sauf dans des cas rares.
Ibn Hanbal se méfiait donc du ra'y (opinion personnelle) et du qiyâs (analogie), car, selon lui, ils avaient ouvert la porte à l'hérésie mu'tazilite, source d'innovations pécheresses et de division de la communauté.
Cette école se développa et ses missionnaires apportèrent leur madhhab dans des contrées lointaines, notamment dans le nord de l'Iran où allait naître le Sheikh Abd al-Qâdir al Jilânî (mort en 1166 ap. J.-C.), grand organisateur du soufisme confrérique.
NB:
Les quatre écoles juridiques ont fait l'unanimité en matière de droit musulman et ont gagné la confiance de toute la communauté jusqu'à l'apparition du mouvement Salafisme wahhabite au dix-neuvième siècle qui réfuta ces doctrines et établit à partir de l'Arabie une approche plus radicale de l'Islam : le wahhabisme ne reconnaît que le Coran et la sunna comme sources de jurisprudence et n'admet qu'une interprétation littéraliste et superficielle du texte.
Le wahhabisme s’est renforcé et imposé dans plusieurs pays musulmans depuis la chute du Califat Ottoman en 1924.
"Le Fiqh a été planté par Ibn Mas’ud (qu’Allah soit satisfait de lui), arrosé par Alqama, récolté par Ibrahim an-Nakha’i, broyé par Hammad, moulu par Abu Hanifa, pétri par Abu Yusuf et fait en pain par Muhammad Al-Shaybani. C’est ainsi, que tous les gens mangent de son pain aujourdhui. " `Ala’ al-Din al-Haskafi’s – Durr al-Muhtar fi Sharh Tanweer al-Absaar
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